Vous êtes très nombreux et nombreuses à me poser des questions concernant le travail d’infirmière libérale en Nouvelle-Calédonie. Dans la lignée de l’article Etre infirmière en Nouvelle-Calédonie, je vais essayer de répondre au mieux à vos interrogations, pour vous permettre de vous projeter dans cette branche de la profession et de partir l’esprit léger.

Être infirmière libérale en Nouvelle-Calédonie
Il faut savoir que je n’ai jamais travaillé en libéral, ni en France ni en Nouvelle-Calédonie. Ainsi, les informations que je vais vous donner m’ont été transmises par des infirmières libérales travaillant déjà sur place. Bien sûr, si vous avez des modifications ou des compléments d’informations à me donner, ils sont les bienvenues. Je tiens à vous proposer un article le plus complet et le plus proche de la réalité possible, ainsi, je ferais régulièrement des modifications après validation de cet article par des IDEL compétentes en Nouvelle-Calédonie.
Quelles sont les démarches à suivre pour travailler en libéral en NC ?
Pour travailler en libéral en Nouvelle-Calédonie, il faut aller à la DPASS avec vos justificatifs de travail pour enregistrer son diplôme (original de préférence ou copie certifiée conforme en attendant l’original, avec numéro ADELI) et valider ses heures.
Ici c’est 4 800 h pour pouvoir exercer, soit environ 3 ans (36 bulletins de paye) à la différence de la France où il ne faut que 2 ans d’exercice en établissement de soins. Je vous conseille de ramener vos fiches de salaire ou de bien vérifier que le nombre d’heures figure sur vos certificats de travail de métropole. En dispo, il suffit de demander à son employeur une attestation d’heures effectuées. Cette étape peut prendre une semaine, le temps qu’ils fassent valider l’attestation par un médecin agréé. Il faut également faire un courrier de demande de remplacement IDEL, mais à priori ils ne le demande pas systématiquement.
Ensuite, il faut ouvrir une « patente », c’est à dire avoir un statut d’indépendant, un peu comme le statut d’auto-entrepreneur en métropole. Le plus simple est de le faire sur internet sur le site de l’isee. Il suffit de télecharger le formulaire à remplir et de le renvoyer par mail. En retour vous recevrez votre attestation par mail avec votre numéro RIDET (=SIRET).
La dernière étape est l’inscription à la CAFAT dans les 30 jours max après le début du remplacement). Equivalent de la Sécurité Sociale, cela permet de cotiser au RUAMM (=URSSAF). Il faut également souscrire à une assurance professionnelle (possibilité de prendre la RCP avec la MACSF, qui couvre l’exercice sur le territoire, tarif les plus compétitifs)
Il faut également à priori un compte pro ou non dédié à cette activité.
Il faut compter deux à trois semaines pour arriver au bout de toutes les démarches ! À savoir, l’Ordre Infirmier n’existe pas en Nouvelle-Calédonie.
Vous pouvez contacter le syndicat IDE à domicile (SIAD) pour vous aider dans vos démarches : siad@canl.nc
Est-il est difficile de trouver du travail en tant qu’infirmière libérale en Nouvelle-Calédonie ? Comment chercher ?
Comme pour n’importe quelle branche du métier d’infirmier, cela dépend des périodes et du turn over des infirmier(e)s en Nouvelle-Calédonie.
Le bouche à oreille fonctionne très bien en Nouvelle-Calédonie. Il n’est pas possible de rechercher du travail avant d’être sur place et d’avoir effectué toutes les démarches nécessaires.
Il y a de nombreuses annonces sur internet et notamment sur le groupe Facebook Infirmiers en Nouvelle-Calédonie, où chaque jour ou presque des IDEL proposent des remplacements dans leur cabinet.
Y’a t’il des démarches différentes pour ce qui est du remplacement ou de la création d’un cabinet libéral ?
Je ne peux pour le moment pas vous parler de la création ou le rachat d’un cabinet libéral, n’ayant pas accès aux informations (j’en appelle aux témoignages !).
Pour ce qui est du remplacement, une fois que vous aurez eu contact avec l’IDEL ou le cabinet libéral, en règles général, l’IDEL à qui appartient le cabinet donne ses jours d’absences, sur lesquels se positionnent les remplaçants. Il faut parfois trouver plusieurs remplacements dans des cabinets différents pour arriver à un temps plein.
En quoi consiste le boulot d’IDE libérale en Nouvelle-Calédonie ?
À priori, c’est le même qu’en métropole : prise en charge des patients dans leur globalité, à domicile, en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire.
Les soins sont les mêmes : accompagnement à la toilette, toilette au lit, pansements (pas mal de furoncles), injection, insulinothérapie, prises de sang etc.. En moyenne cela représente entre 17 et 20 passages et une quinzaine de patients.
Les tournées sont souvent aléatoires, il y a les patients réguliers auxquels s’ajoutent des patients de dernière minute.
Il est aussi possibilité d’avoir une permanence de soins au cabinet de 1 à 2h par jour, où les patients se déplacent au cabinet. En Nouvelle-Calédonie, il n y a pas de système de carte vital, donc certains patients qui ne sont pas à 100% doivent avancer les soins, et cela peut vite grimper. Ils préfèrent donc se débrouiller pour venir au cabinet sachant que les soins couteront moins chers, car ils n’incluent pas de frais de déplacement de l’IDEL.
Selon les régions vous trouverez plus de différences par rapport à la métropole. Une mixité ethnique importante, des patients qui vivent en tribu, parfois très éloignées du village.

Des spécificités par rapport au pays, à la culture ?
En Nouvelle-Calédonie, la coutume locale est très importante. En tribu, il faut la respecter en priorité.
L’avantage incontestable, même si la France comporte de très belles régions, c’est le paysage ! Y’a pas à dire c’est le plus bel environnement de travail ! On peut très bien croiser des chevaux sauvages, des vaches sur le bord de la routes, la beauté des montagnes Calédoniennes et du lagon turquoise qui n’est jamais bien loin.
Les rencontres sont également facilitées. Les gens d’ici vous recevront dans leur famille, à force de les côtoyer vous ferez vous aussi parti de leur famille. Ne soyez pas gênés d’être invités à manger ou à un événement type coutume ou mariage. Vous n’aurez peut-peut-être pas de chocolats pour Noël, mais ce que vous aurez sera bien plus fort et plus durable ! Une expérience unique et la possibilité de découvrir la culture kanak de l’intérieur.
Un autre avantage est la flexibilité des gens. Ici on vit au rythme du « casse pas la tête » ! Les horaires ne représentent pas grand chose, d’ailleurs ils n’ont jamais de montre ! 5 minutes d’avances ou un quart d’heure de retard, ce n’est jamais un problème ! Enfin surtout dans les tribus ! Parce que dans les villes c’est comme partout ailleurs, mais en général avec des excuses et un sourire c’est vite oublié !
Tu attends quoi pour tenter l’aventure ?
Quelles différences par rapport à la France ?
La grosse différence par rapport à la France, serait le manque de matériel, de moyens dans les petits villages, la disponibilité des médecins qui sont déjà débordés et en sous-effectifs, ainsi que le manque de compétence de certains.
Il n’existe que deux hôpitaux en Nouvelle-Calédonie : un à Koutio, près de Nouméa, et un dans le Nord à Koné. Le reste du temps, il faut gérer avec les dispensaires…
Il faut également parfois faire face à l’incertitude d’être payé. Le système de santé est différent de la métropole, la CAFAT met souvent du temps à rembourser les soins…
Qu’est-ce qui est le plus dur dans ce travail ?
Des témoignages que j’ai pu regrouper, il semblerait que les contraintes soient les mêmes qu’en métropole.
À cela se rajoute la légèreté de certaines prise en charge médicale. Certains médicaments, type crèmes pour les pansements, sont à la charge du patient qui ne peut souvent pas se le permettre, alors il faut improviser et faire avec…
En brousse, il se peut que la communication soit compliquée avec certaines personnes âgées qui ne parlent pas bien le français, mais ça devient de plus en plus rare, et en général elles ne sont jamais seules.
Le retard de prise en charge peut-être aussi dû aux croyances des locaux qui préfèrent d’abord s’en remettre à la coutumes et aux remèdes locaux. Parfois il sera trop tard lors de la prise en charge médicale…

Quel est le niveau et le rythme de vie d’une infirmière libérale en NC ?
Le rythme et le niveau de vie dépend, comme en métropole, de la charge de travail choisie ou non par l’IDEL. Certaines tournées peuvent être légères, ou avec beaucoup de trajet, d’autres peuvent-être quasi non-stop.
Il n’y a pas de salaire minimum puisque cela dépend de la charge de travail, mais il faut compter environ 300 à 400 000 CFP auxquels il faut enlever 10 000 CFP par mois pour le RUAMM.
Le RUAMM se paye tous les mois, la somme dépend du salaire, avec régularisation à la fin de l’année au moment des impôts. Il faut donc toujours anticiper et mettre de côté en plus au cas où. Pour anticiper, voici un tableau du RUAMM selon les différentes tranches de salaire.
Il faut aussi compter le RIDET, soit environ 40 000 CFP par an en fonction du lieu d’exercice. Selon les régions, surtout les régions isolées et les îles, le salaire peut-être beaucoup plus important.
On vit très bien en Nouvelle-Calédonie avec un salaire d’IDEL, la liberté en plus !
Que pourrais-tu conseiller à ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure ?
Travailler en libéral ne m’a jamais attiré du fait de ma spécialité de puéricultrice, mais je pense que c’est un excellent moyen d’apprendre à connaître la population, la culture et la coutume, ainsi que la région et les beautés de cette île.
Si le libéral te tente et que tu as effectué le nombre d’heures nécessaires, n’hésite plus !
Comme je le disais, si tu as des corrections ou des compléments d’informations, n’hésite pas à me contacter ou me laisser un commentaire pour que je puisse faire les modifications nécessaires.
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