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Après le succès de l’article travailler en tant qu’infirmier en Nouvelle-Calédonie, j’avais envie d’aller plus loin… Je souhaitais te parler d’un aspect particulier du travail infirmier en Nouvelle-Calédonie : le travail en dispensaire.

Ayant moi-même exercé qu’à l’hôpital, quoi de plus logique que de laisser la parole à une experte. Je te laisse donc avec l’interview de Pauline, qui a travaillé deux ans dans le dispensaire de Tadine à Maré (une des îles Loyauté), qui te dit tout sur le métier d’infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie.

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie

Bonjour à tous !

Pour commencer, je m’appelle Pauline, j’ai 27 ans, je suis infirmière diplômée de 2013 et installée sur le caillou depuis 2016.

Mon parcours

Cette envie folle de partir à la recherche de nouveaux horizons m’est apparue au cours de ma deuxième année d’IFSI. Nous avions souvent entendu dire qu’il était recommandé d’avoir une petite expérience une fois diplômé avant de tenter l’aventure. C’est pour cela qu’avec mon copain Antoine, nous avons quitté la métropole seulement trois ans après notre diplôme.

Une fois en Nouvelle-Calédonie, j’avais déjà en tête le travail en dispensaire ou quelque chose qui diffère de ce que nous pouvions trouver en métropole. 

J’ai tenté une approche au sein de toutes les provinces concernant les différents dispensaires. C’est avec joie qu’un jour après ma demande je reçois un appel pour un besoin de remplacement au centre médical de Tadine sur l’île de Maré !! Je pense avoir eu beaucoup de chance car il faut en général quelques semaines avant de trouver un emploi. 

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie
© Antoine Roulleau

Le travail d’infirmier en Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle Calédonie, il y a énormément de turn-over… Ce n’est pas parce qu’on vous dit NON un jour que le lendemain ils n’auront pas besoin de vous ! Il faut être PATIENT et ne pas baisser les bras. Continuer vos recherches tous les jours, rappeler les services et être prêt à démarrer du jour au lendemain !!!

Ma première aventure a duré seulement trois mois, car il était difficile de gérer la distance avec Antoine qui, lui bossait sur Nouméa. Une expérience tout de même formidable dont je vais vous parler par la suite.

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Une Première expérience plus qu’enrichissante

De retour sur la Grande Terre, je postule chez EMCP. Emergency Medical Care Pacific, qui est une filiale issue du Groupe International SOS, leader mondial de l’Assistance Médicale et de la Gestion de Risques à l’international, dédié aux entreprises et aux organisations internationales.

Le travail de l’infirmier au sein de cette filiale consiste à prendre en charge les urgences, la médecine du travail, la bobologie, pansements, prise de sang, au sein de grosses entreprises dont l’usine de nickel à Nouméa : la SLN , l’usine de GORO au sud et celle de VAVOUTO dans le nord.

Une expérience enrichissante, car nous devons faire preuve d’une grande autonomie étant donné que nous n’avons pas de médecin sous la main ! 

Présence d’un IDE H24 au sein de l’infirmerie. Nous appelons le SAMU quand nous pensons qu’il s’agit d’une réelle urgence, sinon nous orientons le patient vers son médecin traitant. Les journées et les nuits peuvent être très calmes, mais l’urgence improbable peut arriver à tout moment !!!

Il est d’ailleurs recommandé d’avoir fait des urgences avant de travailler dans une telle structure. Je parle pour l’usine de Nouméa la SLN où j’ai travaillé pendant huit mois. Il me semble que c’est un peu différent pour les deux autres.

Bien que cette expérience fut bonne à prendre, le travail ne me plaisait pas forcement. J’avais adoré le dispensaire !! J’ai donc convaincu Antoine, qui exerçait déjà au sein d’une association d’hémodialyse, de demander à prendre le poste vacant d’IDE en dialyse au centre de Maré, afin que je puisse réintégrer le dispensaire où j’avais déjà travaillé trois mois.

C’était chose faite !!

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie
© Antoine Roulleau

Mon expérience au dispensaire

Je vais donc vous raconter avec grand plaisir mon vécu au dispensaire de Tadine à Maré où je travaille encore actuellement depuis maintenant un an et demi. 

Il y a deux dispensaires sur l’île : La Roche au nord et Tadine un peu plus au Sud.

Janvier 2017, nous voilà parti avec tout notre appartement (vaisselle, vélos, voiture, scooter, canoé…) pour l’aventure Maré ! Nous avons facilement trouvé un logement de bouche à oreille. Une grande maison en bois toute équipée, deux chambres, cuisine et terrasse semi extérieure, immense jardin avec une grande case, la mer à deux minutes à pied et notre mise à l’eau privée ! Tout cela pour 90 000 CFP, soit environ 800 €uros. Un loyer moins élevé que notre minuscule F2 à Nouméa !!!

Ayant déjà travaillé au CMS de Tadine j’ai pu le réintégrer facilement, au début en signant des petits contrats renouvelables tous les deux mois, puis en septembre 2017, un contrat d’un an.

Sur les îles, il ne faut pas s’attendre à être payé en temps et en heure !!! Il m’arrivait parfois de ne pas avoir de salaire pendant deux voir trois mois… Une fois le contrat d’un an signé ce soucis-là fut réglé ! 

De même, sur les îles on n’a pas tout sous la main et des fois il faut savoir attendre lorsque quelque chose manque au stock. Nous devons nous adapter aux problèmes techniques !

Voici un bel exemple parmi tant d’autres : une fois, suite à un violent orage où la foudre est tombée sur le dispensaire et le groupe électrogène, plus d’électricité pendant une journée, nous avons dû attendre deux semaines avant d’obtenir de nouveaux ordinateurs. Donc, plus d’accès au dossier patients… Du coup on fait comme on peut dans ces moments-là !! C’est chiant, mais cela fait aussi parti du jeu lorsqu’on travaille dans un dispensaire isolé sur une île !!!! 

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie
© Antoine Roulleau

En quoi consiste le travail en dispensaire ?

Les quatre termes principaux qui me viennent en tête pour qualifier les compétences requises d’une IDE en dispensaire sont :

  • Autonomie 
  • Adaptabilité
  • Responsabilité
  • Polyvalence

Il est vraiment conseillé d’avoir fait un peu d’urgences, ou avoir une expérience en sortie de diplôme avant d’intégrer un dispensaire. En effet, nous sommes amenés à faire des nuits seuls, ou nous sommes les premiers à gérer une situation d’urgence. Le médecin habite juste à côté donc arrive très vite sur les lieux. 

Nous apprenons à établir des petits diagnostics en faisant des recueils de données très complets, avant d’appeler le médecin la nuit. Il faut être attentifs à tout !! 

Nous sommes très demandeurs sur les soins qui peuvent éventuellement nous être délégués, tels que les petites sutures ou encore les plâtres. Les médecins sont souvent contents de nous expliquer cela et de nous laisser autonomes !

Nous faisons également un gros travail sur le suivi des patients chroniques : les diabétiques, les psy, les patients suivis pour le RAA (rhumatisme aigu articulaire, pathologie fréquente en Calédonie) et les patients sous anticoagulants.

En vivant sur une ile, il faut aussi gérer les EVASAN, car certains patients en état critique doivent être rapidement transférés aux urgences du médipôle. D’autres, nécessitent une hospitalisation sur Nouméa dans un service spécifique ou encore, une évacuation au bloc opératoire. Le SAMU de Nouméa vient chercher en avion par vol spécial les patients ayant besoin d’une assistance médicale. Parfois, quand il ne s’agit pas d’une urgence vitale, le patient est évacué sur un vol régulier de la compagnie Air Calédonie. Notre travail étant d’assurer son trajet du dispensaire à son lieu de RDV ( rdv ambulancier, documents à remplir…)

© Pauline Masse

Descriptif du dispensaire 

Le dispensaire possède :

  • 11 lits d’hospitalisation
  • Une salle de déchoquage très bien équipée, que nous checkons avec assiduité tous les jours !
  • Une pharmacie avec un bon stock de médicament et dispositifs médicaux.
  • Une ambulance et sac d’urgence pour les sorties SMUR. Tous les IDE peuvent être amenés à sortir à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. Il n’y a pas d’IADE ou d’infirmiers spéciaux pour assurer le SMUR. C’est pour cela que je précise encore qu’il est bien d’avoir une expérience en sortant du diplôme avant de débarquer ici.
  • Une salle de radiologie. L’IDE en dispensaire (en tout cas pour ceux de Maré), est amené à faire des radios en tout genre ! 

L’équipe médicale se compose de :

  • 3 médecins 
  • 2 sages-femmes, avec 1 salle d’accouchement (très rares ! Les accouchements sont normalement anticipés et  se font en général sur Nouméa.) 
  • Un dentiste
  • 1 aide soignante
  • 6 IDE dont une IDE locale qui assure les visites en tribu
  • Des agents d’entretien, secrétaire 

Tous les mois, nous avons des spécialistes (pneumo, cardio, orthophoniste, diététicienne, ORL, psychiatre…) qui viennent faire le point avec les patients.

© Pauline Masse

Le travail infirmier en dispensaire à Maré

En tant qu’infirmiers, nous sommes très polyvalents. Il faut apprendre à vite assimiler l’organisation dès le premier jour, afin d’être rapidement autonome.

Le dispensaire étant une petite structure, l’ambiance y est très familiale !! Les gens nous apportent régulièrement des fruits et légumes, ou nous invitent à venir manger chez eux en tribu ! Il y a beaucoup de partage !

Ici à Tadine et également à La Roche, nous faisons aussi bien des nuits que des journées. 

Nous sommes deux IDE par jour.

Une qui gère les urgences et les hospitalisations de 07h00 à 19h00, une autre aux soins injections, pansements, prises de sang et soins techniques de 07h00 à 16h00. Et l’IDE de nuit de 19h00 à 07h00.

Nous tournons toutes sur un même roulement. L’avantage, c’est que grâce à ce roulement, toutes les 5 semaines, nous avons une semaine de repos complète !!!

Mais ici sur Maré, pas de stress, la moindre journée de repos donne un semblant de vacances, ayant la mer et les plages paradisiaques pour nous tous seuls ! Les fonds marins sont incroyables !!

Niveau salaire, je n’ai pas trop d’élément de comparaison en Nouvelle-Calédonie. Je touche à peu près 330 000 CFP/mois soit environ 2800 euros. Tout dépend de l’ancienneté. (nb: pas de reprise d’ancienneté à l’hôpital avec un salaire IDE brut de base de 298 000 CFP)

Après, comme je le disais précédemment, il ne faut pas être pressé à recevoir son salaire… Il arrive très très très (très) souvent, de n’être payé que le mois d’après !! Sur les îles, la PATIENCE est l’élément indispensable de notre caractère à adopter !

Me concernant, je trouve cette expérience formidable et extrêmement enrichissante, aussi bien professionnellement qu’humainement !!! !! J’ai plus appris en un an au dispensaire, qu’en deux ans d’urgences !!

Je pense avoir fait le tour des points essentiels en vous parlant principalement du travail IDE en dispensaire mais la vie quotidienne sur les îles est également une magnifique expérience (pour ma part) !! Après, à chacun de se faire son histoire !!

Je conseille bien évidemment à tous ceux qui se sentent prêts de tenter l’aventure !!!

Merci à Aurélie pour cette interview !! Bravo pour ce blog et bonne continuation à tous !!!!!

Merci Pauline pour ce témoignage qui vient du fond du coeur !

Tu l’auras compris, travailler en tant qu’infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie, ce n’est pas juste une expérience professionnelle, c’est aussi et surtout une expérience de vie et de partage. Je suis sûre que Pauline et son copain Antoine en sortiront différents. ☺

Et comme les images parlent plus que les mots, je te laisse avec une magnifique vidéo de Maré, réalisée par Antoine. Je ne suis en aucun cas responsable de ton envie subite de t’acheter un billet d’avion après avoir vu cette vidéo 😄 !!

Et bien sûr, n’hésite pas à nous laisser un commentaire et nous poser toutes tes questions, on y répondra au mieux.

Tu as aimé cet article ? n’hésite pas à l’épingler et à le partager ☺

Infirmier en dispensaire en Nouvelle-Calédonie

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© Les textes et photos ne sont pas libres de droits. Tous droits réservés à Pauline Masse et Antoine Roulleau.

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Join the discussion 11 Comments

  • Edna BETTELEY dit :

    bonjour,

    super article!!!
    J’ai travaillé sur les dispensaire de La Roche et principalement de Tadine il y a maintenant presque 20 ans!!
    Que de souvenirs. Expérience tellement riche tant au niveau professionnel qu’humain.
    Si je le pouvais,, je le referai sans hésiter!! Peut-être un jour prochain.

    Merci pour les photos…
    Tata, Edna

  • Marjorie dit :

    Bonjour, nous sommes 4 étudiantes Suisse en Soins infirmiers. Nous avons l’opportunité d’effectuer un stage à l’étranger et nous sommes vraiment très intéressées à l’idée de l’effectuer dans un dispensaire en Nouvelle-Calédonie. Serait-il possible d’avoir l’adresse e-mail ou un moyen de contacter l’infirmière qui a répondu à cette interview? Merci d’avance et bravo pour votre article.

    • afnews dit :

      Salut Marjorie,
      Pour votre stage en dispensaire, avoir le contact de Pauline ne vous sera d’aucune aide, il faut contacter directement les dispensaire via les provinces concernées (nord, sud, loyautés) envoyez vos CV et lettre de motivation, sachant que les stagiaires locaux sont prioritaires. Vous pouvez avoir des adresses un peu plus précise en vous ajoutant au groupe fb infirmiers en Nouvelle-Calédonie.
      J’espère que votre projet se concrétisera, mais il est peu probable que vous soyez toutes les 4 sur le même lieu de stage.

  • Syril dit :

    Bonjour,

    Je suis actuellement en 3em année à l’IFSI de Briançon (Hautes-Alpes), j’ai lu ton reportage, merci beaucoup pour ton expérience.
    J’ai fait des demandes pour pouvoir faire des stages à Nouméa, mais sans réponse positif, jeremets ça une fois diplômé.
    Bref, d’ici là, nous avons un travail écrit à rendre en novembre, portant sur un des métiers d’IDE, et je souhaite faire sur l’infirmier en dispensaire…
    Si tu me permet, je souhaite rentrer en contact pour te poser des questions plus poussées que ta présentation.

    Merci d’avance
    Syril

    • afnews dit :

      Hello Syril, c’est un beau projet de fin d’étude ! Pour cela, tu devrait mettre un post sur le groupe Facebook infirmiers en Nouvelle-Calédonie. C’est Pô Line (pseudo Facebook) qui a répondu à cette interview, mais tu y trouveras aussi pleins d’autres personnes qui travaillent en dispensaire. Bon courage pour la fin de tes études 😉

  • Margot Vm dit :

    Même moi qui suis d’ici, passionnée par notre océan, ça me donne tellement envie … peut être un de ces jours qui-sait ?!

  • Elia dit :

    Super article !!
    Interview très intéressante !
    Merci !!
    Et oui, ça donne bien envie d’y aller direct^^!
    Ca me donne envie de travailler en dispensaire, même si cette autonomie me fait un peu peur,
    j’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur.. !

    • afnews dit :

      Hello Elia, pas de panique, d’autres l’ont fait avant toi, il n’y a pas raison pour que tu n’y arrives pas toi aussi ! Si c’est vraiment ce que tu aimerais faire, je te conseille de sauter le pas, ce n’est pas Pauline qui me contre-dira si je dis que c’est une expérience à part et vraiment exceptionnelle ! Je regrette de ne pas aimer bosser avec les adultes juste pour tenter cette aventure !! haha

      • Elia dit :

        Oui, je pense qu’en arrivant je vais plutôt chercher à bosser en dispensaire si possible !
        Enfin, je verrais bien ce qu’on me proposera^^!

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